Douleur à l’aine: la flexibilité est-elle toujours en cause?
Les blessures à l’aine sont très fréquentes chez les hockeyeurs et, malgré qu’elles puissent être très incapacitantes, elles n’entraînent pas systématiquement un retrait du jeu. En effet, dans la NCAA de 2009 à 2015, 55.6 % et 71.1 % des blessures à l’aine chez les hommes et les femmes respectivement n’ont pas entraîné d’arrêt de la compétition(1). Bien que ce type de blessure ne soit pas toujours relié à un arrêt d’activité complet, il peut être très incommodant dans la pratique sportive. De ce fait, il peut nuire à la performance et entraîner des répercussions négatives telles l’aggravation de la blessure, le développement de blessures concomitantes et la chronicisation de la douleur(2). Dans le monde du hockey, il est souvent véhiculé que pour éviter les blessures à l’aine, il faut s’étirer sur une base régulière. Nonobstant le fait que les étirements puissent faire partie d’une routine quotidienne pour le sportif, le manque de flexibilité est-il réellement lié à l’apparition de douleurs dans la région de l’aine?
Une revue systématique recueillant 17 ouvrages a été menée sur le sujet en 2016 et a statué qu’il y aurait trois facteurs prédisposant à l’apparition de douleurs à l’aine. Ceux-ci sont la diminution de force de trois groupes musculaires : les adducteurs de la hanche, les abducteurs de la hanche et les fléchisseurs du genou. Autant la flexibilité des muscles adducteurs de la hanche que l’amplitude des mouvements de rotation à la hanche ne seraient pas des facteurs de risque au développement de douleurs dans la région de l’aine. D’ailleurs, on peut parfois observer une augmentation de l’amplitude d’abduction à la hanche à la suite de l’apparition de douleur. Il est à noter que dans cette revue systématique, les critères pour qualifier les blessures à l’aine ne ciblaient aucune structure anatomique spécifique, mais bien une région. C’est donc dire que toutes les pathologies de la région de l’aine ont été incluses(2).
À la lumière de ces résultats, il semblerait préférable de se concentrer sur la force des différents groupes musculaires plutôt que sur la souplesse pour prévenir l’apparition de douleurs à l’aine. Toutefois, cela ne veut pas dire que la routine d’étirement quotidienne devrait être cessée. Au contraire, si cette routine d’étirement est implantée pour maintenir les amplitudes de mouvement nécessaires à la pratique du sport de façon spécifique, l’arrêt de celle-ci peut amener son lot de problématiques.
Tel que vu dans un article précédent, les douleurs à l’aine peuvent être prévenues avec l’implantation d’un programme d’entraînement spécifique qui cible les déficiences de l’individu(3). L’évaluation de la force des différents groupes musculaires peut permettre d’identifier certains facteurs de risque qui pourront être modifiés à l’aide d’exercices spécifiques. En présence de faiblesse, il sera impératif d’augmenter la force des abducteurs et des adducteurs de la hanche ainsi que des fléchisseurs du genou.
Écrit par Maxime Provencher
Physiothérapeute du sport à la Clinique du Peps de L’université Laval
Références:
1.Dalton SL. et al. The epidemiology of hip/groin injuries in national collegiate athletic association men’s and women’s ice hockey : 2009-2012 through 2014-2015 academic years. Orthop J Sports Med. 2016 mar 4;4(3)
2.Kloskowaks et al. Movement Patterns and Muscular Function Before and After Onset of Sports-Related Groin Pain: A Systematic Review with Meta-analysis.Sports Med. 2016 May 3
3. Tyler TF, Nicholas SJ, Campbell RJ, Donellan S, McHugh MP. The effectiveness of a preseason exercise program to prevent adductor muscle strains in professional ice hockey players. Am J Sports Med. 2002 Sep-Oct;30(5):680-3.
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