Rupture du ligament croisé antérieur au hockey?
Bien que le genou soit la deuxième partie du corps la plus souvent blessée chez les joueurs de la NCAA(1) et la troisième chez ceux de la LNH(2), les blessures au ligament croisé antérieur (LCA) sont peu fréquentes chez les hockeyeurs. En effet, l’incidence de cette blessure est plus élevée dans les sports nécessitant des changements de directions rapides, des pivots et des sauts(3). Les répercussions qu’entraîne cette blessure peuvent être dévastatrices, telles que : garder un athlète en dehors de la compétition pour une longue durée, augmenter de 10 fois le risque d’arthrose, amener des blessures concomitantes aux deux genoux ainsi qu’un risque de récidive à la suite de la chirurgie (4,5). Son impact chez les joueurs de basketball et de football professionnels a été décrit dans plusieurs études (6,7), mais qu’en est-il pour les hockeyeurs?
Des chercheurs du Minnesota se sont penchés sur la question et ont suivi les joueurs de la LNH de 2006 à 2010 via le système de surveillance des blessures de la LNH(8). Ils ont examiné l’impact d’une blessure au LCA sur les performances ainsi que la durée de la carrière. Un total de 47 joueurs ont subi une rupture complète du LCA lors de la période à l’étude. De ce nombre, 5 joueurs, soit 10,6%, ne sont pas revenus au jeu. Pour ceux qui ont été en mesure d’effectuer un retour, le délai moyen avant de reprendre la compétition était de 9,8 mois (de 6 à 21 mois). De plus, les joueurs ayant subi une blessure méniscale associée ont vu leur carrière écourtée, ce qui n’était pas le cas pour ceux qui avaient une atteinte associée au ligament collatéral interne, peu importe le grade de la lésion.
En comparant la productivité des joueurs lors des deux saisons avant et des deux saisons après la blessure, ainsi qu’à un groupe contrôle, on est à même d’apprécier l’impact de cette blessure sur la performance lorsqu’un retour était possible. Les joueurs d’avant ont d’ailleurs vu leur production de buts, passes, points et parties jouées, diminuer. Cette tendance n’est pas observée chez les défenseurs qui, eux, semblent maintenir une production similaire et qui ont même amélioré leur différentiel (+/-).
Chez les joueurs professionnels, il semblerait que la grande majorité de ceux-ci soit en mesure d’effectuer un retour au jeu à la suite de l’opération du LCA (8,9). Les facteurs de mauvais pronostic seraient une blessure méniscale concomitante ainsi que la position d’attaquant. Il faut toutefois être prudent dans l’interprétation de ces résultats et ne pas penser que cette blessure a le même impact chez une autre clientèle de hockeyeurs. Chez les plus jeunes, une absence aussi longue de la compétition peut avoir un impact énorme sur le cheminement. D’ailleurs, il semblerait que les risques de ré-opération augmenteraient plus on devait subir la première opération en bas âge(13). D’où l’importance de déployer tous les efforts nécessaires à la prévention d’une telle blessure.
Par chance, il existe différents programmes de prévention qui aident à réduire l’incidence de cette blessure (10,11,12). Le défi important au hockey est la nature imprévisible du sport. Contrairement à d’autres sports, la plupart des ruptures du LCA surviennent à la suite d’un contact avec l’adversaire ou la bande (8). D’où l’importance d’adapter le programme de prévention en fonction du sport pratiqué ainsi qu’individualiser les interventions en fonction des particularités de chacun.
Écrit par Maxime Provencher, M. Physiothérapie
Références:
1. Rishiraj N & coll. University men’s ice hockey: rates and risk of injuries over 6-years. J Sports Med Phys Fitness.2009 Jun;49(2):159-66.
2. McKay CD, Tufts RJ, Shaffer B, & coll. The epidemiology of professional ice hockey injuries:a prospective report of six NHL seasons Br J Sports Med 2014;48: 57–62.
3. Griffin LY, Albohm MJ, Arendt EA & al.Understanding and preventing noncontact anterior cruciate ligament injuries: a review of the Hunt Valley II meeting, January 2005. Am J Sports Med.2006 Sep;34(9):1512-32.
4. Gillquist J, Messner K. Anterior cruciate ligament reconstruction and the long-term incidence of gonarthrosis. Sports Med.1999 Mar;27(3):143-56.
5. Salmon L, Russell V, Musgrove T, Pinczewski L, Refshauge K.Incidenceandrisk factors for graft rupture and contralateral rupture after anterior cruciate ligament reconstruction. Arthroscopy. 2005 Aug;21(8):948-57.
6. Harris JD, Erickson BJ, Bach BR Jr & al. Return-to-Sport and Performance After Anterior Cruciate Ligament Reconstruction in National Basketball Association Players. . Sports Health.2013 Nov;5(6):562-8.
7. Shah VM,Andrews JR,Fleisig GS, McMichael CS, Lemak LJ. Return to play after anterior cruciate ligament reconstruction in National Football League athletes. Am J Sports Med. 2010 Nov;38(11):2233-9.
8. Sikka R, Kurtenbach C, Steubs JT & al. Anterior Cruciate Ligament Injuries in Professional Hockey Players. Am J Sports Med.2016 Feb;44(2):378-83.
9. EricksonBJ, Harris JD, Cole BJ & al. Performance and return to sport after anterior cruciate ligament reconstruction in National Hockey League players. Orthop J Sport Med. 2014;2(9)
10. Donnell-Fink LA, Klara K, Collins JE &al. Effectiveness of Knee Injury and Anterior Cruciate Ligament Tear Prevention Programs: A Meta-Analysis. PLoS One. 2015 Dec 4;10(12).
11. Michaelidis M, Koumantakis GA. Effects of knee injury primary prevention programs on anterior cruciate ligament injury rates in female athletes in different sports: a systematic review. Phys Ther Sport. 2014 Aug;15(3):200-10.
12. Sugimoto D, Myer GD, Foss KD, Hewett TE.Dosage effects of neuromuscular training intervention to reduce anterior cruciate ligament injuries in female athletes: meta- and sub-group analyses. Sports Med. 2014 Apr;44(4):551-62
13. Maletis GB, Chen J, Inacio MCS & AL. Age-related factors for revision anterior cruciate ligament reconstruction : A cohort study of 21,304 patients from the kaiser permanente anteriorcruciate ligament registry. Am J Sports Med. 2016; 44 :331
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