Pourquoi les joueurs de hockey de sont pas nécessairement des bons descendeurs ?
Beaucoup de joueurs de hockey ont tenté leur chance en Ice Cross Downhill croyant qu’être dans les plus rapides de leur équipe leur assurerait un succès dans leur nouveau sport. Bien que certains ont réussi à connaître du succès, la majorité n’a pas su atteindre les sommets de performance visés. Alors comment expliquer que patiner sur une patinoire soit si différent que de patiner en descente? Encore une fois, la science nous permet d’expliquer cela. Les principaux éléments notoires de cette différence sont les aspects techniques du sport, la coordination entre l’œil et le mouvement ainsi que la demande physique.
Lors d’une course de Ice Cross Downhill, l’objectif est de parcourir le tracé le plus rapidement possible afin d’atteindre la ligne d’arrivée le premier. Pour ce faire, les athlètes doivent pomper (absorption de la bosse suit d’une poussée après celle-ci) et sauter les bosses et les sauts du parcours. La capacité à contrôler le moment passé dans les airs est la clé du succès lors des sauts alors que l’habileté à pomper les bosses permet d’accélérer dans les obstacles plutôt que de perdre de la vitesse. Ces deux techniques sont loin de celles apprises par les joueurs de hockey et se rapprochent beaucoup plus de ce que l’on retrouve dans certains sports de descente comme le ski alpin ou le vélo de montagne. Dans le même ordre d’idées, le choix de la ligne de course idéale est aussi un élément essentiel de la performance afin que la vitesse soit conservée lors des virages et du contournement des obstacles. Au hockey, il n’y a pas de sauts ni de bosses. La glace est plate et prédictible. La seule façon d’augmenter la vitesse est donc par la puissance des coups de patin.
La vitesse supérieure atteinte en Ice Cross Downhill est due aux pentes abruptes dans lesquelles les pistes sont construites, ce qui en fait le sport sur patin le plus rapide au monde. Les athlètes atteignent régulièrement des vitesses surpassant les 60 km/h. À cette vitesse, la perception du corps dans l’espace n’est pas la même. La plus grande différence se trouve au niveau de la quantité d’informations sensorielles qui doit être analysée par les yeux. Le mouvement plus rapide de l’environnement demande une vitesse de traitement de l’information qui dépasse la capacité des individus qui ne sont pas entraînés pour cela, comme les joueurs de hockey. Ces problèmes d’intégration visuel peuvent aller jusqu’à créer des malaises (comme des vertiges) causés par une quantité trop importante d’informations visuelles à traiter en une courte période de temps. Cet élément est loin de faire partie du quotidien des joueurs de hockey alors qu’il est très commun pour les athlètes provenant de sports de vitesse.
La demande physique est un autre élément qui diverge entre le hockey et le Ice Cross Downhill. Outre le fait évident que le Ice Cross Downhill demande une meilleure capacité d’absorption pour contrôler l’atterrissage des nombreux sauts, les deux sports présentent des biomécaniques de patinage grandement distinctes. Sur une patinoire de hockey, la poussée doit contrer la friction de la lame de patin sur la glace ce qui résulte en une poussée plus lente et beaucoup plus axée sur la force du joueur. Lors d’une descente, la gravité permet au joueur de prendre de la vitesse et la poussée devient beaucoup plus orientée vers la vitesse de contraction du muscle que sur la force de celui-ci. Ce type de qualité neuromusculaire est rarement celle qui prédomine chez les joueurs de hockey, car ceux-ci s’entraînent beaucoup plus en force et en puissance.
En conclusion, le fait d’être un joueur de hockey rapide sur ses patins n’est pas un gage de succès dans la pratique du Ice Cross Downhill. Les hockeyeurs doivent apprendre à être en contrôle dans les airs en plus de savoir comment bien absorber et sauter les différents obstacles. Ils doivent développer la coordination entre l’œil et le mouvement qui est spécifique à la discipline afin d’être plus efficace à analyser beaucoup d’informations visuelles rapidement. Leur habileté à produire une contraction musculaire rapide plutôt que forte devra aussi être améliorée s’ils veulent performer dans ce nouveau sport. Bref, les joueurs de hockey ne possèdent pas nécessairement toutes les qualités nécessaires à un athlète de Ice Cross Downhill. Dans ce cas, quel pourrait être le meilleur bagage sportif ?
Écrit par Léandre Gagné Lemieux, M.Sc. kinésiologie et athlète de Ice Cross Downhill
Références
1. Bronstein AM (2004) Vision and vertigo: Some visual aspect of vestibular disorders. J Neurol. 251:381-387.
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