L’impact de la colonne cervicale sur les symptômes d’une commotion cérébrale
Les traumatismes craniocérébraux légers (TCCL) ou communément appelés les commotions cérébrales sont une des préoccupations principales des professionnels de la santé œuvrant dans le milieu sportif ainsi qu’un sujet de plus en plus présent dans les médias. Plusieurs joueurs de hockey professionnels tels que Sydney Crosby et Éric Lindros ont fait les manchettes avec leurs commotions et ont alimenté les discussions avec leur retrait du jeu étendu sur une période de plusieurs mois.
La Ligue Nationale de Hockey (LNH) est la première ligue professionnelle à s’être dotée d’une politique officielle sur la prévention, l’évaluation et les traitements des commotions cérébrales (1). Durant la saison 2011-2012, la LNH a reporté que 90 joueurs ont dû manquer des matchs en saison régulière dû à un diagnostic de commotion, dont la majorité étaient des attaquants (1). Étant donné que les hockeyeurs ont la réputation d’être durs envers leurs corps malgré la douleur, la mesure réelle de l’incidence des commotions cérébrales est difficile à obtenir. Une étude de Benson et coll. (2011) conclue que les maux de tête prolongés, la fatigue, les pertes de mémoire et les examens neurologiques anormaux sont des signes pouvant prédire une plus longue convalescence chez les hockeyeurs d’élite (2). Le diagnostique de syndrome post-commotionnel est émis lorsque la condition persiste c’est-à-dire que les symptômes durent de quelques semaines à plusieurs mois (3).
Quelles pourraient donc être les causes d’une telle chronicité?
Une revue de la littérature québécoise parue en 2016 explique plus en profondeur l’implication de la colonne cervicale dans les commotions cérébrales (4). Au hockey, le mécanisme le plus commun pouvant provoquer une commotion est le contact entre les hockeyeurs soit la mise en échec (1). Lors de ce type d’impact, la tête fait habituellement un mouvement rapide d’accélération et de décélération, appelé le «whiplash», un stress cervical semblable aux accidents d’automobile. De ce fait, les blessures au cou et la commotion cérébrale sont souvent associés puisque qu’ils se produisent lors d’un même processus (5, 6). Pour le clinicien, il est difficile de différencier clairement l’origine des symptômes, car ceux de la commotion et des blessures au cou sont semblables à plusieurs niveaux. Quelques études ont d’ailleurs indiqué qu’une proportion de maux de tête post-traumatiques et d’autres symptômes post-commotionnels auraient des origines musculosquelettiques, telle la colonne cervicale. L’implication des muscles, ligaments, nerfs, articulation temporomandibulaire, disques, articulations zygapophysaires ainsi que le complexe atlanto-occipital crée un défi de taille pour le clinicien voulant intervenir auprès d’un patient avec des douleurs cervicales (7). D’autant plus que le «whiplash» peut causer des troubles de type cervicogénique, une commotion cérébrale ou les deux complexifiant ainsi la situation.
Il est donc très important de ne pas négliger l’impact de la colonne cervicale lors de la réadaptation suite à une commotion cérébrale. Un examen complet de cette région faite par un professionnel de la santé pourrait permettre une meilleure récupération et une meilleure compréhension de l’évolution du joueur. D’autres avenues telles l’implication du système vestibulaire, du système oculomoteur et du système proprioceptif devraient être pris en compte et vérifiées advenant le cas où le hockeyeur n’évolue pas selon les attentes.
Écrit par Ève Poisson, Physiothérapeute et Michael Morin, Physiothérapeute Rouge et Or Football
Références:
1. Bonefield CM, Wecht DA, Lunsford LD (2014) Concussion in ice hockey. Progress in Neurological Surgery, 28, 161-170
2. Benson BW and al. (2011) What are the most effective risk-reduction strategies in sport concussion? British Journal of Sports Medecine, 47(5) : 321-326.
3. McCrory and al. (2013) Consensus statement on Concussion in sport – The 4th International Conference on Concussion in Sport held in Zurich, November 2012. Physical Therapy in Sport : Official Journal of the Association of Chartered Physiotherapists in Sport Medecine, 14(2) : e1-e13.
4. Morin M, Langevin P and Fait P (2016) Cervical Spine Involvement in Mild Traumatic Brain Injury – A Review. Journal of Sports Medecine, 2016, 20p.
5. Hynes LM and Dickey JP (2006) Is there a Relationship between wiplash-associated disorders and concussion in hockey? A preliminary study. Brain Injury, 20(2) : 179-188.
6. Schneider and al (2013) The effects of rest and treatment following sport-related concussion : a systematic review of the littérature. British Journal of Sports Medecine, 47(5) : 304-307.
7. Watanabe and al. (2012) Systematic review of interventions for post-traumatic headache. PM & R : The Journal of Injury, Function and Rehabilitation, 4(2) : 129-140.
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