Le travail musculaire de la poussée en patin avant
Les joueurs de hockey passent leur été à s’entraîner dans le but d’améliorer leurs performances sur la patinoire. L’aspect principal que la plupart des joueurs souhaite améliorer est la vitesse de patinage. On sait que la vitesse de patinage dépend de l’efficacité de chacune des poussées qui permettent au joueur d’avancer. Afin d’accroître cet efficacité, la grande majorité des joueurs de hockey font de la musculation avec charges (plus ou moins lourdes) dans le but d’améliorer leur force. Est-ce que le développement de la force est réellement le meilleur moyen d’augmenter l’efficacité des poussées?
De nombreuses études ont tenté de tracer une relation entre la force développée sur certains exercices de musculation et la vitesse de patinage (1,2,3). De tous ces travaux, aucun n’a réussi à trouver un exercice pour lequel une plus grande force prédit une vitesse de patinage plus élevée. Cela signifie donc que l’efficacité de la poussée en patinage avant est dépendante d’autres facteurs que de la force pure.
Tout d’abord, il faut comprendre que la qualité neuromusculaire principale exploitée lors de la poussée n’est pas la force, mais bien la puissance. La différence entre ces deux concepts est au niveau de la vitesse à laquelle le mouvement est effectué. Un mouvement en force est toujours fait à vitesse contrôlée, souvent lente, car cela permet de mieux réguler la posture et le geste technique. Ceci ne représente donc pas la poussée en puissance qui elle, est toujours faite à vitesse maximale. La capacité à déplacer une charge avec une plus grande vitesse est donc beaucoup plus utile pour le joueur de hockey que de simplement pouvoir lever de grosses charges.
Ensuite, un autre élément déterminant du développement de l’efficacité de la poussée en patinage avant est l’aptitude du joueur à utiliser correctement les qualités neuromusculaires développées dans un autre contexte (musculation, haltérophilie, pliométrie, etc.). Par exemple, un individu possédant une grande masse musculaire, mais un répertoire moteur faible (contrôle moteur, agilité, coordination, etc.) sera sûrement moins efficace dans ses poussées qu’un individu moins fort qui est capable de bien recruter ses muscles. Cette coordination motrice déficiente peut être travaillée à maturité physique avec des exercices d’activation musculaire et de contrôle moteur, mais les améliorations seront difficiles et souvent peu transférables dans le geste sportif. Il faut donc que les jeunes joueurs développent, dès leur plus jeune âge, un répertoire moteur diversifié.
En somme, bien qu’elle demeure essentielle, la force n’est pas le seul aspect sur lequel les joueurs de hockey devraient investir du temps s’ils veulent améliorer leur vitesse de patinage avant. En effet, le travail de la vitesse de contraction musculaire devrait aussi être au cœur du développement estival des joueurs de hockey. Cependant, le travail en vitesse ne devrait jamais se faire au dépend de la qualité du mouvement. D’ailleurs, la transférabilité du développement des qualités neuromusculaires en améliorations concrètes du geste sportif sera optimisée par un contrôle moteur efficace. La capacité de développement du répertoire moteur étant à son maximum avant la fin de la maturation physique, il faut favoriser en jeune âge une diversification des activités sportives pratiquées.
Écrit par Léandre Gagné Lemieux, M.Sc. kinésiologie
Références
1. Behm DG, Wahl MJ, Button DC, Power KE, Anderson KG (2005) Relationship between hockey skating speed and selected performance measures. J Strength Cond Res. 19(2):326-331.
2. Farlinger CM, Kruisselbrink D. Fowles JR (2007) Relationship to skating performance in competitive hockey players. J Strength Cond Res. 21(3):915-922.
3. Potteiger JA, Smith DL, Maier ML, Foster TS (2010) Relationship between body composition, leg strength, anaerobic power and on-ice skating performance in division I mens’s hockey athletes. J Strength Cond Res. 24(7):1755-62.
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